Victimes de violence conjugale : les 3 profils

Y a-t-il des facteurs qui rendent certaines femmes plus vulnérables que d’autres aux relations toxiques ? Peut-on identifier des traits communs entre les victimes de violence conjugale ou de violence psychologique ? Les études qui dressent le profil des « femmes battues » nous donnent des données démographiques et socio-économiques, qui mettent surtout en évidence le fait que la violence peut toucher toutes les femmes.

Ce sont les thérapeutes qui nous offrent les meilleures pistes pour identifier 3 grands groupes dans lesquels les victimes de violence conjugale ou de relations abusives pourront le plus souvent se reconnaître :

  • une mauvaise construction à l’enfance
  • le facteur d’hypersensibilité
  • la vulnérabilité passagère

I. Une mauvaise construction à l’enfance

Dans ce premier groupe se trouvent les femmes qui n’ont pas eu la chance de grandir dans un environnement de sécurité affective leur permettant de bien se construire psychologiquement.

Il se peut qu’elles aient vécu elles-mêmes de la violence qui était orientée vers l’enfant qu’elles étaient.

Souvent aussi, il suffit qu’elles aient grandi dans un climat de violence psychologique, même si cette violence n’était pas tournée vers elle, par exemple, dans le cas d’un père violent envers la mère.
Il est illusoire et désormais reconnu que l’enfant souffre tout autant de cet environnement toxique. Les victimes de violence conjugale ne sont pas seulement les personnes contre lesquelles la violence est directement adressée : les dommages sont collatéraux.
Les conséquences de ce climat ne permettent pas à l’enfant de se construire de manière équilibrée et se trouvent souvent dans le passé des femmes qui vivent à l’âge adulte dans des relations dysfonctionnelles.

On peut noter aussi que le fait de grandir dans un tel climat génère à la fois les personnes qui sont susceptibles de devenir victimes aussi bien que celles qui sont susceptibles de devenir agresseurs, selon comment l’individu a intégré tous ces messages pendant son enfance.

II. Le facteur d’hypersensibilité

Parmi les victimes de violence conjugale, un groupe a été de mieux en mieux identifié durant les dernières années, grâce au travail de thérapeutes et aux nouvelles connaissances que nous avons sur le fonctionnement du cerveau. C’est celui des femmes hypersensibles (ou dites « à haut potentiel » ou surefficientes, ou « zèbres », les dénominations varient).

Ces enfants aux sens exacerbés sont hypersensibles et intuitives.
Elles ont souvent un système de pensée « en arborescence », qui diffère de celui de la majorité des gens.
Aussi, elles se sont dès l’école souvent trouvée isolée, avec le sentiment d’être différentes et un grand besoin d’être aimées, acceptées, et de se conformer. Elles font aussi preuve d’un grand sens de l’empathie.

Cette combinaison de caractéristiques les rend vulnérables à des personnalités manipulatrices.
Elles chercheront à aider, à tout excuser et sont très persévérantes, en se disant que le problème « vient d’elles » tandis que la personnalité toxique profite de toute leur générosité.

III. La vulnérabilité passagère

On trouve aussi parmi des victimes de violence conjugale des femmes qui ont grandi dans un environnement qui leur a permis de bien se construire et qui ne répondent pas aux critères d’hypersensibilité, mais qui se retrouvent entre les griffes d’un prédateur pendant un passage à vide dans leur vie.

Ces personnes se trouvent dans une phase vulnérable, à la suite d’un choc : le décès d’un proche, une maladie grave, une rupture, la perte d’un emploi, un accident.
Dans cette phase de désarroi, leur garde est baissée et elles se laissent involontairement envahir par une personne toxique qui se présente sous le masque d’un “sauveur”.

IV. Victimes de violence conjugale, le hasard ?

Aucun de ces profils ne prédestinent automatiquement à devenir victimes de violence conjugale ou à se retrouver dans des relations toxiques. Heureusement

En revanche, il n’est pas rare que les victimes remarquent qu’elles correspondent à deux des profils, voire aux trois.

On peut avoir vécu son enfance dans un environnement très toxique et par chance, avoir rencontré des personnes qui n’étaient pas de nature à exploiter les failles des autres, et soudain, à la suite d’un choc, se retrouver vulnérable à une rencontre malsaine.

On peut aussi être hypersensible et justement, pour cela, en ne répondant pas aux attentes classiques des parents envers leurs enfants, avoir subi des comportements psychologiquement nocifs durant notre enfance : attitude qui nous fera confondre ce qu’il est logique d’attendre d’une relation d’amour.

Il n’y a pas de hasard, mais des mécanismes identifiés.

Pour ma part, même si ces informations sont de l’ordre des explications que l’on découvre a posteriori, j’éprouve un certain réconfort à connaître ces explications d’un ordre général.

Cela ne veut pas dire que je ne dois pas travailler sur moi pour progresser, mais tout simplement, que mon histoire est en partie un concours de circonstances :

À moi d’en faire ce que je veux :
me considérer comme une victime potentielle pour le reste de ma vie
ou transformer cette expérience en tremplin pour mon développement personnel.

J’ai déjà choisi. Et toi ?

Pour en apprendre plus sur ce sujet, je recommande la lecture du livre d’Anne-Laure Buffet : « Victimes de violence psychologique : de la résistance à la reconstruction » et les ouvrages de Christel Petitcollin : « Je pense trop », « Je pense mieux » et « Pourquoi trop penser rend manipulable ». Je mets des liens ci-dessous pour les lectrices intéressées par ces ouvrages.

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