Misogyne : Sa Psychologie et Celle de ses Adoratrices

Qui sont réellement les misogynes ? Et qui sont les femmes amoureuses de ces hommes qui n’aiment pas les femmes ? Bien qu’omniprésente dans notre contexte culturel souvent sexiste et machiste, la misogynie reste à ce jour mal connue et mal comprise. L’amalgame est souvent fait avec le concept très à la mode de perversion narcissique, qui constitue pourtant une rare pathologie. Les souffrances qu’infligent les hommes autoritaires ou non dans une relation abusive peuvent être très variées : manipulation, immaturité, incapacité à gérer ses émotions… Il n’est pas possible de toutes les regrouper sous la désignation « PN ». Dans cet article, nous allons tâcher d’esquisser le plus précisément possible la psychologie du misogyne et les raisons pour lesquelles certaines ne peuvent lui résister.

En lisant le livre Men who hate women and women who love them (« Les hommes qui haïssent les femmes et les femmes qui les aiment ») de la psychologue Susan Forward, je viens de découvrir une approche globale du terme « misogynie », forgée par l’auteure sur sa grande expérience de thérapeute.

Différencier la psychologie du misogyne et celle du PN

En faisant la distinction entre misogyne et pervers narcissique, la psychologue américaine propose une explication à une anomalie qui me rend perplexe depuis longtemps. Si on estime que les pervers narcissiques ne représentent que 2 à 3 % de la population (pourcentage qui inclut aussi les femmes perverses narcissiques), comment se fait-il que tant de femmes soient victimes de relations abusives dans le couple ? Les statistiques indiquent que 40 % des femmes font face à une relation toxique ou d’abus au cours de leur vie. (Chiffres : Agence des Droits Fondamentaux de l’Union Européenne)

Susan Forward a écrit de nombreux livres sur les relations toxiques dans la famille : dans le couple, entre parents et enfants et sur les mères toxiques. Ses conclusions proviennent autant de ses recherches que de son expérience de thérapeute et d’intervenante en direct à la radio : elle a donc un éventail très large d’exemples et de témoignages de maltraitances sur lesquels fonder son opinion et ses conseils.

Misogynie, perversion narcissique ou psychopathie ?

« Pervers narcissique » est un terme qui est devenu tellement populaire qu’il en est galvaudé. Toutes les violences au sein du couple ne sont pas la conséquence de perversion narcissique. Abuser de cette expression a tendance, à long terme, à desservir les personnes qui en sont véritablement victimes. Mon point de vue, est qu’il est plus important de se concentrer sur les souffrances de la victime que sur le diagnostic de celui qui les a infligées, qu’il soit PN, psychopathe ou misogyne.

Que tu te brûles la main en mettant une bûche dans la cheminée ou en retournant les saucisses sur le barbecue, une brûlure est une brûlure. Commençons par la soigner.
Quelle que soit l’étiquette sous laquelle on classe l’abuseur, occupons-nous en premier lieu de soulager la victime et de la soutenir dans sa reconstruction.

Pourquoi étiqueter les comportements dysfonctionnels

Je sais pourtant qu’apposer un label sur le mal permet à la victime de le « rationaliser », c’est-à-dire de comprendre qu’elle n’est pas folle, que ces comportements existent, que d’autres en ont vécu de semblables et qu’il existe des solutions. C’est une étape capitale pour comprendre que l’on est victime et pour commencer à faire le travail nécessaire pour reprendre le contrôle de sa vie et se reconstruire.

Ne pas confondre perversion narcissique, psychopathie et misogynie

En faisant des recherches pour comprendre la nature des relations toxiques dont souffraient de nombreuses de ses patientes, la psychologue a constaté ces différences :

  • Le pervers narcissique est obsédé par le culte de lui-même et de sa toute-puissance. Il a tendance à passer de relation en relation, en une quête insatiable et vitale d’amour, et surtout d’adulation.
  • Le psychopathe, aussi bien le col blanc que le criminel commun, ne considère les autres que dans leur potentiel à être exploités. Il sème le mensonge et la destruction sur son chemin, en absence totale de conscience.
  • Le misogyne, lui, s’installe souvent dans des relations durables. Cet homme semble aimer intensément, mais son besoin vital n’est pas d’être admiré (comme le PN), mais de contrôler.

Toutes ces personnalités partagent le trait de ne pas savoir éprouver l’empathie, la culpabilité ou l’anxiété, des émotions qui nous servent à réguler nos interactions en société.

À RETENIR : La principale différence entre un pervers narcissique et un misogyne est le besoin qu’il cherche à combler par son comportement : le PN veut l’adoration, le misogyne veut le contrôle.
Le terme misogyne vient du grec : miso = haïr, gyne = femme.

Le plus romantique des amoureux

Le début des relations amoureuses avec un homme misogyne est caractérisé par un emportement romantique. Une euphorie presque aussi prenante qu’une drogue, un sentiment de grande excitation et de stimulation, avec un petit vent de danger dans l’air : ça va vite, c’est risqué et excitant, comme les montagnes russes.

Or, pour connaître quelqu’un en profondeur, ses qualités autant que ses défauts, nous avons besoin de temps. Avec le misogyne, tout va vite. Nous réagissons à « comment il nous fait nous sentir » au lieu de comment il est. Pour conserver ces sensations, nous mettons des œillères et refusons de voir les indices qui gâcheraient cette aventure. Parfois, le sentiment de vouloir aider ou « sauver » cette personne prend le dessus, un comportement bien décrit grâce au triangle de Karpman.

Le premier incident de nature misogyne

Le premier hic dans cette danse amoureuse est en général un incident consternant de banalité, un fait insignifiant qui déclenche chez le misogyne une réaction de rage complètement disproportionnée. Mais au lieu prendre cet incident comme un signe d’alerte, la victime refuse de retirer ses œillères. En essayant de donner un sens à cet incident, elle le rationalise et le justifie :

Il a agi ainsi parce que…. il est stressé par… il avait trop bu… son ex-femme le harcèle… j’ai été maladroite…

Si tout le monde peut manifester un accès de colère, le misogyne pour sa part ne ressent aucun remords et il reproduit le cycle de violence de plus en plus fréquemment. En alternance, il se montre charmant et aimable. Cependant, ses réactions sont complètement imprévisibles et il inflige un yoyo émotionnel qui maintient sa compagne sous tension permanente.

Si la compagne accepte cette attaque contre son intégrité et son estime de soi, elle ouvre la porte aux attaques futures.

L’auto-accusation de la victime

La victime installe un mécanisme de pensée : « S’il a la capacité d’être si merveilleux, c’est sans doute de ma faute si les choses déraillent ». Elle internalise et prend alors la responsabilité du comportement de son compagnon en dehors de tout soupçon de misogynie. Elle se dit qu’en essayant, elle trouvera « la clé » pour se comporter tel qu’il le souhaite, et ne vivre que les bons moments. Le résultat est que les deux – lui et elle – l’accusent (elle) de ce qui ne va pas dans le couple.

La fin de l’idéalisation de l’homme macho

Alors que la victime est désorientée par les réactions de son compagnon et commence à douter d’elle-même, lui aussi fait l’expérience de la désillusion. À leur rencontre, il l’avait placée sur un piédestal et il prend soudain conscience de la réalité : il la veut parfaite, elle ne l’est pas. Il lui en veut pour ça. Il lui tient rigueur de ne pas satisfaire tous ses besoins en priorité (ni de les avoir devinés). Il la critique et l’accuse de sa propre déception. Comme le pervers narcissique, le misogyne n’est jamais à mettre en cause.

La prise de pouvoir autoritaire et abusive

Le misogyne se définit lui-même par l’étendue du pouvoir qu’il va prendre sur sa compagne. Le déséquilibre de pouvoir au sein de la relation est endémique : il doit gagner et elle doit perdre. Mais comme le pouvoir absolu sur un autre être est une illusion, sa quête est vouée à l’échec. Par conséquent, il est continuellement frustré et en colère.

Signes de la relation abusive

Cette persécution systématique d’un conjoint par l’autre est une relation abusive, qui utilise la peur, l’humiliation, la violence verbale, voire la violence physique, pour assujettir l’autre. Qu’il soit misogyne ou PN, les moyens utilisés varient et recouvrent :

  • le menaces implicites
  • les attaques verbales
  • la critique continuelle
  • les techniques de gaslighting
  • le déni
  • la réécriture des faits à son avantage
  • les accusations infondées, notamment attribuer la faute à l’autre pour ses propres actions ou comportements : j’ai fait ça parce que tu as… tu es…
  • l’interdiction de ressentir ses propres émotions : par exemple, voir la victime pleurer parce qu’il crie ou menace le rend encore plus fou
  • la violence physique (contre la personne, ou les animaux domestiques ou les choses : frapper les portes, jeter des objets…)

Peu importe combien la victime donne, ce qu’elle sacrifie ou ce à quoi elle consent n’est jamais assez. Le misogyne va sans cesse tester sa puissance et la dévotion de sa compagne : il limitera ses sorties, ses cercles d’amis, ses activités, etc.

Sphères de pouvoir du misogyne

Le besoin insatiable de pouvoir du misogyne s’exprime dans tous les domaines de la vie du couple.

  • La relation sexuelle peut devenir l’arène de conflits importants dans lesquels il exprime son besoin de puissance et de contrôle : critiques de sa compagne, égocentrisme, rejet et aversion envers le corps féminin, brutalité, oppression, dérives et addictions sexuelles… Il arrive cependant qu’une relation sexuelle épanouie soit un leurre qui donne l’illusion de connexion et d’amour tout en masquant la dysfonctionnalité de la relation en dehors de la chambre.
  • Le contrôle financier est fréquemment un levier de pouvoir. La psychologue a relevé deux types de comportements. Le premier, financièrement stable, suit un modèle traditionnel : c’est lui qui gagne (ou gagne plus) et donc lui qui contrôle les finances, comportement qui peut aller jusqu’à laisser la compagne dans l’ignorance et/ou la pénurie. Le second est celui qu’elle nomme le « héros tragique » : le misogyne a toujours de bonnes excuses pour expliquer ses échecs financiers et son insolvabilité tout en en voulant à sa compagne d’être plus responsable et capable de lui.
  • La vie sociale : le misogyne veut contrôler les pensées, les opinions, les sentiments et les comportements de sa compagne. Toute influence qui porte atteinte à ce besoin est donc une menace et il va les restreindre de manière systématique. Son comportement en société deviendra tellement humiliant que la victime choisira elle-même de limiter ses contacts extérieurs.
  • Les enfants sont ses grands rivaux. Le misogyne veut être l’enfant-numéro-un. Ses demandes sont un puits sans fond et, pour se placer en priorité, il n’hésitera pas à critiquer les capacités de sa compagne en tant que mère, à utiliser les enfants contre elle et à les manipuler. (Ce comportement est extrêmement nocif pour les enfants qui sont placés dans un conflit de loyauté.)

Pourquoi rester avec un homme qui n’aime pas les femmes ?

La psychologie du misogyne décrite par Dr Susan Forward dans son livre

Les signes relevés par Susan Forward témoignent d’une véritable dépendance (dans le sens addiction du terme) à la relation dans laquelle la femme est maltraitée. La relation est intense et confuse. Le besoin de l’homme est compulsif. La victime est totalement dépendante de son compagnon qu’elle considère comme la source première de son bien-être.

Nombreuses des victimes de misogynes sont paradoxalement très indépendantes dans les autres pans de leur vie. Mais la victime construit peu à peu l’image qu’elle ne peut pas exister émotionnellement sans l’amour, l’approbation ou la valorisation de l’homme. Sa vulnérabilité provient de sa conviction que la chose la plus importante pour elle est l’amour de son compagnon et elle est prête à en payer le prix. Le perpétuel va-et-vient émotionnel qu’elle vit est la chaîne qui la lie à son abuseur.

La clé du bonheur

Le comportement en alternance « chaud-froid » du misogyne et ses accusations ont convaincue la victime qu’elle est fautive et que c’est elle qui doit réparer ses fautes : elle cherche sans cesse la « clé magique » : la façon de se comporter qui satisfera son compagnon. Elle oscille entre l’espoir que tout change pour le mieux, la peur de comment elle se sentira quand il s’emporte et la peur de ce qu’il pourrait faire et elle finit par se convaincre qu’elle mérite d’être aussi mal-traitée.

La « collusion » dans la relation toxique

À ce stade, la victime a une vision déformée de la réalité : accepter la vision de son compagnon signifie qu’elle doit abandonner la sienne. En fait, elle commence à soutenir son compagnon dans son comportement abusif. Elle accepte la version qu’il l’aide à « s’améliorer » et elle endosse la responsabilité de sa propre maltraitance. C’est une phase à la fois subtile et incroyablement destructrice. La femme ne reconnaît plus les signes de la relation toxique.

Collusion : Susan Forward utilise ce terme qui signifie une entente secrète pour nuire à un tiers. Dans ce cas, la femme finit par s’allier à l’homme pour se nuire à elle-même.

Pourquoi un homme devient-il misogyne ?

Le comportement du misogyne dissimule une anxiété extrême envers les femmes. En affaiblissant la femme pour qu’elle ne puisse le quitter, il calme sa peur de l’abandon. L’objet de son amour est simultanément la source de sa peur, sa panique et sa rage et se transforme en haine. Susan Forward choisit à dessein ce terme, le seul – à son avis – qui transmet le degré d’hostilité, d’agression, de

mépris et de cruauté exprimé dans ces relations.

Le rôle des parents dans la misogynie

Père tyrannique/mère victime

Derrière le misogyne se trouve très fréquemment une mère qui s’est servi de son fils pour satisfaire ses propres besoins émotionnels, créant à la fois dépendance et peur. Un cas de figure est l’exemple d’un père lui-même misogyne, créant le modèle ou l’équilibre de la relation passe par la soumission de la femme par l’homme. La mère, victime d’abus conjugaux, ne protège pas son fils, générant chez lui un intense ressentiment. Ressentiment, insécurité et dépendance qui plus tard se transforment en haine.

L’enfant forme le constat que les besoins des femmes sont insatiables et qu’il n’est pas capable de les satisfaire. Ce sentiment d’incapacité le remplit d’un grand vide qu’il transporte avec lui dans l’âge adulte. Ce sentiment est souvent accompagné par la conviction qu’on ne peut pas faire confiance aux femmes.

Père passif/mère étouffante

À l’autre extrême se trouve la mère surprotectrice, qui suffoque son fils. Cette mère qui « sauve » son fils de tous les petits tracas de la vie entrave son apprentissage de la frustration et crée ses futures attentes : le misogyne pense qu’il n’a pas à subir frustration ou irritation et que c’est à quelqu’un d’autre de le tirer d’affaire. Parallèlement, elle crée la croyance qu’il ne peut survivre sans une femme : d’où un immense sentiment de dépendance, qu’il transfère en tant qu’homme sur sa compagne. Si, parallèlement, le père est passif ou absent, l’idée est renforcée que les femmes sont contrôlantes et effrayantes.

Mère maltraitante

D’après Susan Forward, ces deux schémas, père passif/mère étouffante et père tyrannique/mère victime sont les plus courants. Vient s’ajouter encore le cas des mères abusives : l’enfant associe alors un besoin vital de la femme (besoin non satisfait de l’amour de sa mère) et une profonde haine. Le misogyne a appris à cacher sa vulnérabilité, ce qui explique en partie son absence de sensibilité aux souffrances émotionnelles, ou même physiques, qu’il impose à sa partenaire.

Ne pas exprimer ses émotions ne les élimine pas : haine, peur, colère sont stockées. Adulte, l’homme est convaincu que la rage qu’il éprouve est due aux insuffisances de sa compagne.

Causes de la misogynie dans un contexte culturel

La psychologue ajoute que de nombreux hommes croient encore que leur virilité dépend de leur capacité à dominer et contrôler les femmes, message renforcé par la littérature, les films, la télévision et les médias au sens large qui instaurent un climat sexiste. Ces influences légitiment aux yeux des misogynes leurs relations extra-conjugales comme un moyen de punir et d’humilier leur compagne autant que de chercher à satisfaire leurs besoins sexuels et émotionnels. La lutte contre la misogynie ne fait que débuter mais elle n’est désormais plus uniquement représentée par le féminisme.

Pourquoi les femmes aiment-elles ces attitudes sexistes ?

Les connexions intimes que nous créons à l’âge adulte sont fondées sur nos exemples parentaux. Nombreuses sont les personnes qui craignent d’examiner ce qui, dans leur passé, a donné forme à leur caractère et à leurs croyances : la connaissance de soi ouvre pourtant la voie à de nouvelles interprétations et de nouveaux choix. L’acception et l’intégration des attitudes misogynes est le résultat de toute une construction.

Une image de soi négative

Quand un parent émet un jugement sur son enfant, celui-ci a valeur de vérité. Si le message est que l’enfant est bon, bien, suffisant et digne d’amour, l’enfant développe une image de soi positive et solide : il se respectera et attendra que les autres le traitent de même. Si les premiers enseignements reçus par l’enfant est qu’il est inadéquat, insuffisant, sans valeur et indigne d’amour, l’enfant va faire des choix dans sa vie qui confirmeront cette vision. Toutes les victimes reçues par l’auteure du livre avaient développé et profondément ancré une image très négative d’elles-mêmes.

Un modèle parental et des messages inconscients

De surcroît, l’enfant est constamment exposé au modèle parental, le père montrant l’exemple de comment les femmes doivent être traitées. Ces « messages » non verbaux sont librement interprétés par l’enfant. Ces messages, fort heureusement, ayant été appris peuvent aussi être dés-appris. Adulte, les victimes reproduisent les schémas appris puisque leur familiarité est rassurante. Une femme battue donne l’exemple à sa fille qu’elle doit tout tolérer pour garder un homme.

Un contexte culturel machiste

Les schémas culturels continuent de véhiculer le concept que les femmes sont inférieures aux hommes, qu’elles ne savent pas s’occuper d’elles-mêms et ont besoin des hommes. Même adultes, nombreuses sommes-nous à penser que nous avons peu de contrôle sur nos vies. Même si les discours sont à l’opposé, c’est l’exemple qui a l’impact le plus important sur les enfants. Une mère prônant l’indépendance, mais démontrant l’opposé dans son comportement avec les hommes véhiculera le second message.

Une colère non exprimée

Très souvent, on a appris aux filles à ne pas exprimer leur colère. Mais comment peut-on subir de la misogynie et ne pas éprouver de colère ? La colère est une émotion humaine normale et tout à fait acceptable. Mais les filles n’ont pas de moyens socialement acceptés de l’extérioriser : aussi elles ont tendance à la retourner contre elles, à la transformer en haine de soi et à l’étouffer en devenant soumises, trop obéissantes ou adaptables. Ces comportements, à leur tour, nourrissent la colère et le ressentiment dans un véritable cercle vicieux.

Un besoin de scénarios dramatiques

Les filles internalisent le message « si je me sens mal, c’est que je suis une mauvaise personne » et elles s’isolent dans leur mal-être. Les scénarios dramatiques, imprévisibles et chaotiques que leur propose les misogynes ou les PN deviennent un moyen d’éviter ce vide intérieur. Elles ont le sentiment que le drame est un composant essentiel de l’amour et elles deviennent dépendantes de cet élément dans leurs relations amoureuses. En fait, ce drame masque le caractère infantile de la relation.

La folie à deux

La psychologue appelle la relation amoureuse avec un misogyne une « folie à deux » : bien qu’insatisfaisante pour les deux partenaires, c’est la femme qui y souffre le plus : c’est toujours l’homme qui a le pouvoir.

Les partenaires échangent des « émotions cachées » : c’est par l’agressivité de l’homme que la femme exprime une partie de sa colère. Lui, de son côté, cache honteusement l’énorme dépendance qu’il ressent et sa vulnérabilité. Il s’agit d’un échange inconscient, mais qui lie fortement la paire dans la relation toxique.

Comportements pour éviter la colère

Nous avons un besoin vital d’exprimer nos émotions. Dans ce couple, l’expression des émotions sous-jacentes est bloquée. Celles-ci s’expriment alors de manière destructive, par exemple de manière pathologique, ou par la dépression, l’auto-accusation, le stress, les addictions.

Les consommations addictives (alcool, drogues, cigarette, compulsions alimentaires…) sont un moyen d’étouffer la douleur ressentie et de détourner du traitement de la cause de cette souffrance. C’est une tentative de survie émotionnelle, qui fournit au misogyne une preuve supplémentaire des carences de sa compagne. Traiter la dépendance est toujours une condition préalable ou simultanée à la thérapie.

Les bénéfices cachés de la souffrance

Il n’est pas rare que la femme éprouve le désir inconscient de punir son compagnon misogyne par sa propre souffrance. Elle peut aussi prendre sa souffrance comme une excuse pour n’entreprendre aucun changement dans sa vie. Cependant, souffrir ne résout jamais rien.

La peut essayer de se venger – sans se mettre en colère – en utilisant des attaques verbales directes ou indirectes, en refusant les relations sexuelles ou en devenant froide et distante.

L’équilibre réel des forces dans la relation dysfonctionnelle

Dans une relation où s’exprime de la misogynie, la femme a davantage de pouvoir que l’homme, car il est bien plus dépendant d’elle qu’elle ne l’est de lui. MAIS ELLE NE LE RÉALISE PAS.

Lorsqu’une femme prend ou reprend conscience de cela, qu’elle fait l’inventaire précis et véritable de ses forces, elle est en bien meilleure position pour changer ses pensées, ses comportements et donc, sa vie. C’est donc en apprenant à se reconstruire qu’elle reprend les commandes et apprend à s’affirmer en tant qu’individu à poids égal dans la relation.

Dans son livre, Susan Forward cite de nombreux témoignages de couples qu’elle a accompagnés en thérapie. Certains ont pu reconstituer un couple sur des bases nouvelles, ce qui a toujours demandé une remise en question et un effort thérapeutique individuel de la part du conjoint, en parallèle à un travail de couple. Beaucoup de couples ne résistent pas à ce rééquilibrage, car les misogynes qui ne se remettent pas en questions ne savent pas vivre avec une femme égale, et les femmes reconstruites ayant repris conscience de leur valeur, préfèrent continuer leur route différemment. La psychologue est claire que tout signe d’abus physique ou sexuel doit être le déclencheur de la séparation physique.

Et toi, as-tu déjà eu à faire à un misogyne et ressenti cette forme de dépendance ?

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