« J’ai peur d’être seule ». Et à long terme : « J’ai peur de rester seule ». Avoir peur de rompre cache souvent une crainte de la solitude. Si tu te reconnais, tu souffres certainement beaucoup et tu as probablement du mal à prendre des décisions. Du mal aussi à trouver des côtés positifs à la solitude. Pourtant, beaucoup de personnes qui souffrent de solitude affective ne vivent pas seules… Et inversement, nombreuses sont celles qui sont seules et ne ressentent aucune souffrance. Comment surmonter la peur de rester célibataire ?
Peur d’être seule ? Mais nous sommes seules !
D’où nous vient cette illusion que nous ne devrions pas nous sentir seules… Puisque nous sommes seules !
La solitude est inhérente à l’être humain
N’en déplaise à notre peur d’être seule, tout humain est seul. Rien ni personne n’est responsable de notre bien-être à notre place.
Nous avons besoin d’interaction, certes. C’est bien grâce à ces liens avec les autres que nous avons survécu des millénaires jusqu’à ce jour et que nous pouvons continuer d’évoluer.
Mais ces échanges n’amenuisent en rien le fait que nous sommes totalement responsables de nous-mêmes et de l’expérience que constitue notre vie. Nous sommes totalement aux commandes de notre mental.
Selon que nous choisissons des pensées qui renforcent notre puissance – dans la solitude, ou non – ou des pensées qui associent solitude et souffrance, eh bien, nous ressentirons soit des sentiments de joie, d’indépendance et de capacité, soit des émotions de douleur, de tristesse ou de déprime, pouvant aller jusqu’à la dépression.
Les autres ne sont pas responsables de notre bien-être.
Nous devons absolument chercher en nous ce qui fait vibrer notre vie, ce qui nous fait apprécier notre liberté, ce qui nous satisfait et nous apporte de la joie. Nous devons chercher ce qui remplit notre existence, la nôtre, unique et personnelle.
Ce n’est qu’en devenant responsable de notre propre bonheur que le sentiment négatif de solitude nous quitte. Nous en apprécions, au contraire, toutes les richesses. Qu’on choisisse de vivre seule ou pas.
Ce n’est qu’en acceptant d’affronter la peur d’être seule que nous pouvons créer des relations harmonieuses avec nous-mêmes et, par conséquent, avec les autres.
La chance de pouvoir décider pour soi
Je pense souvent à ma grand-mère. On l’avait mariée, quand ça avait été son tour, à un homme qu’elle n’avait pas choisi, mais qu’elle a appris à aimer, m’a-t-elle confié.
Elle, elle aurait préféré faire des études. Quand elle s’est retrouvée veuve à 52 ans, elle se cultivait non-stop en commandant des livres par correspondance et en regardant des documentaires et des débats à la télévision.
Je lui demandais, 30 ans plus tard, pourquoi elle n’avait pas refait sa vie avec quelqu’un d’autre : « Ah, mais plus jamais personne ne décidera pour moi ce que je vais faire ! » m’a-t-elle répondu. Dans ces conditions, il n’y avait pas lieu d’avoir peur d’être seule…
J’ai alors compris à quel point nos vies étaient différentes, et la chance que j’avais de vivre dans une société qui, dans les grandes lignes, me laissait décider de ma route.
J’ai mis un peu plus de temps à comprendre que ma responsabilité était d’assumer mon bien-être sous toutes ses formes. Mais cette dernière découverte a le mérite de poser les bases de la liberté et du bonheur durable.
La peur de la solitude est une pensée
La peur d’être seule après une rupture est une peur qui me surprend souvent, car les femmes qui me confient cette peur ont parfois vécu des choses atroces. Qui semble sans comparaison avec l’ennui ou le malaise qu’on peut éprouver quand on se sent seule.
Pour surmonter la peur de la solitude affective, je pense qu’il est capital de la reconnaître, de l’accepter et de décider de travailler sur cette peur.
Un petit peu chaque jour, pour avancer à petits pas.
C’est une excellente occasion d’utiliser le Modèle de Brooke Castillo, coach de vie américaine qui a été ma formatrice.
Être seule est une circonstance neutre
Être seule est une circonstance neutre. Ni positive, ni négative.
Si tu es seule dans une pièce, une caméra le prouverait.
Si tu es célibataire, divorcée, veuve, ton état civil le prouve.
Si « être seule » n’était pas une circonstance neutre, alors nous vivrions toutes la solitude de la même manière.
Soit de manière positive, comme ma grand-mère qui a passé 47 ans à faire ce qu’elle voulait : vivre seule était pour elle une chance, une opportunité et un grand bonheur.
Soit comme toi, peut-être, qui lit cet article, de manière négative : comme une menace, un ennui, un échec… que sais-je ?
Être seule, et même rester seule, sont des circonstances neutres, qui ne deviennent positives ou négatives qu’à travers le filtre de nos pensées.
Et toutes nos pensées sont optionnelles, même la peur d’être seule. Nous pouvons à tout moment choisir les pensées qui nous font du bien… ou non.
La peur de rester célibataire décryptée
Pour comprendre et apprivoiser la peur de la solitude, il va te falloir faire un petit exercice sur toi-même.
1. Lister ses pensées
Quelles sont les pensées qui alimentent ta peur d’être seule et de le rester ?
Comprendre les phrases que tu associes à la solitude affective (ou même physique) est le point de départ.
Prends une feuille et liste toutes les idées (flot de pensées) qui te viennent à propos de cette solitude. Des plus futiles aux plus dramatiques. Des positives aux négatives. La liste sera sans doute hétéroclite !
Une fois que tu as fait ta liste, approfondis en reprenant chaque phrase et en te posant plusieurs questions : « Pourquoi ? », « Et alors ? » ou bien « N’est-ce pas déjà le cas ? ».
Ce que tu obtiendras sera une liste de pensées détaillées sur lesquelles travailler, qui ressemblera peut-être à ça :
J’ai peur de devenir comme les « vieilles filles » d’autrefois. Pourquoi ? Parce que les autres les regardaient avec pitié. Et alors ?…
J’ai peur de m’ennuyer le soir. Pourquoi ? Parce que je n’ai pas d’activité en dehors de mon travail. Pourquoi ?…
J’ai peur de m’ennuyer le soir. Et alors ? Je veux une vie excitante. Pourquoi ?…
J’ai peur de m’ennuyer le soir. N’est-ce pas déjà le cas ? Mes soirées sont déjà passées seules et c’est ce que je n’aime pas. Pourquoi ?…
J’ai peur que personne ne me prenne dans ses bras. N’est-ce pas déjà le cas ? Je ne me sens pas aimée. Et alors ?…Pourquoi ?…
2. Utiliser le modèle de Brooke
Le Modèle de Brooke va te servir à analyser précisément le cheminement de ta peur d’être seule et ses résultats sur ta vie.
Voici quelques exemples :
Circonstance : Seule
Pensée : Je n’ai rien à faire le soir
Émotion : Ennui
Action : Je pense à ma solitude, je regarde ce que font les autres sur les réseaux sociaux, je perds mon temps.
Résultat : Je ne fais rien de concret et ma vie m’ennuie
Circonstance : Seule
Pensée : Je peux faire ce que je veux chaque soir
Émotion : Excitation, curiosité, bienveillance envers moi
Action : Je planifie mes soirées, je cherche et teste des activités : lundi, masque beauté et vernis à ongles, mardi, TV sans culpabilité, mercredi, bénévole dans une association, etc.
Résultat : Je fais ce que je veux, ma vie est aussi remplie et intéressante que je le souhaite, et je ne m’ennuie que quand j’ai envie.
Rappel : le résultat confirme toujours la pensée.
Circonstance : Seule
Pensée : Rester et vieillir seule est horrible
Émotion : Peur, immobilité
Action : Je ne prends pas d’action et je reste dans une relation malsaine
Résultat : Je reste et vieillis dans mon couple toxique et ma vie est horrible
Circonstance : Seule
Pensée : C’est la chance de ma vie !
Émotion : Excitée
Action : Je fais toutes les choses que je ne pouvais pas faire en couple
Résultat : Je m’éclate dans ma vie et je me dis que j’ai beaucoup de chance de pouvoir faire des choix différents.
Note : Ce sont des exemples d’extrêmes opposés. Tu dois sélectionner seulement les pensées auxquelles tu crois.
3. Agir pour travailler sur ses pensées négatives
Se servir du Modèle de Brooke nous permet d’observer nos pensées et la façon dont celles-ci se concrétisent dans notre vie.
Parfois, cette seule observation fait déjà des miracles, car nous sommes en mesure d’adopter une pensée bénéfique que nous pouvons mettre en action immédiatement. (Par exemple : je planifie mes soirées, je cherche un cours de salsa…)
Pour comprendre comment modifier les schémas négatifs, je t’invite à lire cet article expliquant comment utiliser le Modèle de Brooke intentionnellement.
Globalement, il s’agit de fonctionner à rebours dans le modèle :
- Quel est le résultat que je souhaite obtenir ?
- Quelle action créerait ce résultat ?
- Quelle émotion je devrais ressentir pour avoir la force de mettre en place cette action ?
- Quelle est la pensée qui me ferait ressentir cette émotion ?
L’objectif est alors de parvenir à adopter les pensées qui nous permettront d’obtenir les résultats souhaités.
Mais si c’est par la pensée que nous devons commencer, il n’y a de bénéfices que lorsqu’on passera réellement à l’action !
4. Se faire aider ?
Les pensées plus complexes demandent une prise d’action qui s’établit dans le temps, par étape.
Parfois, certaines sont ancrées en nous de telle sorte que nous n’arrivons pas à franchir le cap seules, et il peut être bénéfique de rencontrer une personne professionnelle de son choix.
Mais il faut toujours être consciente qu’absolument personne ne peut nous « réparer » de l’extérieur : toute forme de thérapie ou de coaching nous demandera toujours un travail personnel.
Cet accompagnement lui-même est composé à la fois d’avancées et de souffrances. Des souffrances qui cependant nous font évoluer (à l’inverse de la souffrance qui nous fige dans la même situation).
Ce qu’il faut retenir et pour aller plus loin
Nous sommes seules, de notre naissance à notre mort.
Nous sommes aussi totalement capables de nous assumer, aussi bien matériellement qu’émotionnellement.
En prenant la totale responsabilité de notre vie et en accédant à la maturité émotionnelle, la peur d’être seule nous quitte, et nous accédons à la liberté et au bonheur.
Pour surmonter la peur d’être seule, le Modèle de Brooke est un bon outil. Il nous permet de comprendre notre cheminement interne et d’agir pour accomplir nos objectifs.
Elizabeth Gilbert, dans son best-seller « Mange, prie, aime », nous raconte comment elle a compris, en quittant une relation abusive, qu’elle était la seule responsable de son bien-être. Au fond, qui pouvait mieux la satisfaire qu’elle même ? C’est ainsi qu’elle est partie pour un voyage de découverte qui l’a conduite à mieux se connaître et à créer une vie qui la satisfait pleinement. Et tant mieux, car ainsi elle partage avec nous ses livres merveilleux, bien loin de sa vie « d’avant » !
Et toi, as-tu peur d’être seule ? Ou bien as-tu transformé la solitude en force ?