Gérer ses émotions négatives est souvent un problème, parce que nous avons le sentiment qu’elles nous font souffrir et qu’elles nous bloquent dans la vie. Es-tu dans ce cas ? Peux-tu identifier dans ta vie des émotions indésirables et chroniques qui t’empêchent d’avancer et te maintiennent dans un malaise quasi permanent ? Pourtant les émotions négatives nous sont utiles aussi (pour la plupart) : elles nous renseignent sur nous-mêmes, sur notre moi profond — et elles nous permettent de vivre la vie dans toute son amplitude. Qui de nous voudrait être joyeuse quand quelqu’un de cher s’éteint ? N’est-ce pas la colère qui parfois nous pousse à entrer en action ? Bien souvent, le terme de gérer ses émotions négatives est associé à l’idée de s’en débarrasser… Mais, non ! Le but de la vie n’est pas de s’affranchir des émotions négatives, ni même de s’en libérer. Simplement de les accepter, d’apprendre à les ressentir et à les mettre au service de notre vie.
Doit-on gérer ses émotions négatives ?
Gérer, ça veut dire « administrer », c’est-à-dire prendre en charge, assumer la direction, l’impulsion, le contrôle et prendre la responsabilité. Et cela, c’est tout à fait dans nos cordes… Mais nous n’avons pas du tout appris cela. Nous pensons que nous sommes à la merci de nos émotions, qu’elles vont et viennent quand bon leur semble. Nous croyons, à tort, que leur cause est à l’extérieur de nous.
Nous naviguons sur la mer des émotions (voire dans les profondeurs des flots) comme si nous étions dans un vaisseau sans capitaine ! Alors que nous avons le gouvernail à portée de main et qu’il nous suffirait de l’attraper ! Bon, c’est vrai. Il faudrait l’attraper ET apprendre à s’en servir. Quiconque a navigué saura qu’on ne manipule pas la barre du navire comme un guidon de vélo, qu’on aura toujours du mal à naviguer à contre-courant, et que le cap se change en douceur, parce qu’un coup de barre trop brutal enverra tous les passagers par-dessus bord. Mais ça s’apprend.
Les seuls maîtres à bord
Pour commencer, il faut se défaire de l’idée que nos émotions sont des choses qui nous tombent dessus. Nous devons accepter la possibilité que nous avons notre rôle à jouer, que toutes ces émotions que nous ressentons sont celles que nous choisissons, volontairement ou non, consciemment ou non. C’est un effort intellectuel à faire, car il va à l’inverse de ce qu’on nous a appris depuis l’enfance.
Nous pensons que nous éprouvons nos émotions « à cause » de ce qui se passe à l’extérieur de nous, « à cause » de ce que les autres disent, font, ne disent pas, ne font pas, « à cause » des circonstances — extérieures à nous — la crise économique, les inondations, une naissance, une fleur qui s’ouvre, ou « à cause » de notre passé, qui est pourtant… dans le passé (= il ne se passe pas maintenant, comment peut-il nous toucher là, tout de suite ?)
Alors bien sûr, c’est un peu déstabilisant de penser que nos émotions résultent de nos choix, voire culpabilisant. On a envie de dire « OK, Virginie, crois-moi, si je pouvais choisir de me sentir bien, je le ferais immédiatement ! » Mais comment ? Sans s’en vouloir de ne l’avoir pas fait plus tôt, et sans douter de nos capacités. Sans avoir peur de ce que nous allons trouver. Culpabiliser de ne pas savoir ce qu’on ne savait pas est un peu inutile, soyons d’accord. C’est un peu comme se reprocher d’avoir oublié ce qu’on a oublié…
Mais, objectivement, quel est le risque ? Vaut-il mieux continuer à vivre en subissant ses émotions que d’en prendre la responsabilité ? Penser que nous n’en sommes pas les responsables est l’une des choses les plus démotivantes qu’il soit. Si on ne peut rien changer… Autant aller cueillir 4 marguerites et se coucher dans un trou dans la terre tout de suite ! Ou sauter tout de suite du bateau, si on ne souhaite pas mélanger les métaphores…
Pourquoi c’est important ?
Quand nous comprenons — et nous acceptons — que nous sommes responsables de nos émotions, nous retrouvons le pouvoir sur notre vie. Nous sommes alors capables de nous les approprier pleinement et d’observer le rôle qu’elles ont dans notre existence : dans le positif autant que dans le négatif. Alors nous remarquerons que très souvent, nous ne les ressentons pas. Ce que nous ressentons, et ceci particulièrement dans le cas d’émotions négatives, mais pas uniquement, c’est la résistance à nos émotions. Et pour cela nous utilisons 3 techniques :
- la résistance : nous résistons avec toutes les cellules de notre corps (c’est le bon endroit, puisque nos émotions ne se passent pas dans notre tête, mais bien dans notre corps),
- la réaction : nous manifestons notre mal-être par des comportements qui malheureusement très fréquemment ne servent pas nos intérêts à long terme
- l’évitement : en nous réfugiant dans des actions qui nous donnent un plaisir immédiat, mais vont aussi à l’encontre de la réalisation de nos objectifs.
Pour reprendre le contrôle sur tous les comportements qui nous sont nocifs, nous devons comprendre nos émotions, apprendre à les reconnaître, les accepter et les ressentir. Apprendre à gérer ses émotions négatives… et toutes les autres !
Apprendre à reconnaître ses émotions et les ressentir
Les émotions sont des changements qui interviennent dans notre corps (ou « vibrations ») lorsque nous émettons une pensée. Pas de pensée, pas d’émotion.
Pour les identifier, nous devons apprendre à les ressentir. Physiquement : que se passe-t-il dans mon corps quand je ressens l’émotion : la peur, l’amour, l’anxiété, la joie, la confiance. En apprenant à les reconnaître, nous pouvons nous laisser aller dans ce changement, respirer, nous laisser aller dans son courant et nous apercevoir qu’en fin de compte, il est passager. De quelques secondes à une vingtaine de minutes. Il peut revenir, par vague, n’est pas toujours agréable, mais il ne nous fait pas de mal, et il ne nous tue pas. Ça, c’est ce que pense notre cerveau primitif. C’est pour cela qu’il veut à tout prix nous protéger… Mais au long terme, cette protection est à nos dépens, car le cerveau primitif ne n’intéresse qu’à l’instant présent.
Nous devons apprendre à gérer nos émotions avec notre cortex préfrontal, la partie évoluée de notre cerveau. Celle qui est capable de comprendre que parler en public n’est pas la mort assurée.
D’où elles viennent et où vont-elles ?
Lorsque nous nous donnons l’autorisation de pleinement ressentir, nous acquérons une clé importante. Car nous obtenons des informations dans deux directions.
En amont : les pensées
Nous allons pouvoir regarder en amont : qu’est-ce qui a déclenché cette émotion ? Pour être plus précise : quelle pensée à généré cette émotion. Car ce ne sont jamais les circonstances qui sont à l’origine de nos émotions : les circonstances sont neutres : ce sont toujours les pensées par lesquelles nous interprétons ce qui se passe ou s’est passé, qui vont créer nos émotions.
Et ça, c’est une vraiment bonne nouvelle, car toutes nos pensées sont optionnelles. Nous pouvons choisir de penser ce que nous voulons. Nous pouvons choisir des pensées qui nous font du bien et nous portent vers nos objectifs. Cette possibilité est à notre disposition à tout moment.
En aval : les actions
Quand nous observons ce qui découle de nos émotions, nous prenons conscience de leur impact. Une émotion négative ne produira jamais un résultat positif dans notre vie. Et notre « résultat », ce que nous avons, ce que nous sommes, ce que nous avons construit — ou pas — est la somme de toutes nos actions. Nos pensées, nos émotions et nos actions doivent toujours être en alignement pour produire les résultats que nous voulons. Nos pensées créent nos résultats.
C’est pour cela qu’une personne qui arrive dans un nouveau cadre et pense : « Je ne connais personne, ils sont tous amis entre eux », va ressentir une émotion de solitude, se replier sur elle même et continuer à être seule. Alors qu’une autre, qui pensera « C’est génial, ils ont l’air d’un groupe sympa » va se nourrir d’une émotion de curiosité, ouvrir la discussion avec les autres et s’intégrer.
Apprendre à gérer ses émotions négatives est une partie d’un tout. En reconnaissant et en vivant pleinement toutes nos émotions, positives et négatives, notre vie devient intentionnelle. Nous ne laissons plus notre cerveau primitif nous mener vers les écueils. Nous saisissons le gouvernail et nous nous menons à bon port, avec la confiance que nous pouvons choisir n’importe quelle destination, nous serons toujours là. Présente à – et pour – nous-mêmes.