Exercice pour Ressentir ses Émotions et se Reconnecter à Soi

Nos vies sociales modernes ne nous incitent pas vraiment à ressentir nos émotions. On préfère souvent les faire taire ou les détourner pour ne pas avoir à les affronter. Accueillir ses émotions est pourtant le meilleur moyen d’apprendre à les gérer et à se reconnecter à soi. Parvenir à être en harmonie avec soi-même, c’est aussi savoir faire preuve de ce laisser-aller pour accepter ses émotions négatives aussi bien que positives. Peur, joie, colère, tristesse, amour… Aujourd’hui, je vais t’apprendre un exercice pour ressentir tes émotions dans leur entièreté. Cela te permettra à l’avenir de mieux les accepter et les gérer en développant ton intelligence émotionnelle.

Le besoin d’accepter ses ressentis négatifs comme positifs

Le premier point dont il faut tenir compte pour apprendre à ressentir ses émotions est que tu dois être prête à accueillir TOUTES tes émotions, sans distinction.

On parle souvent, plutôt à tort, d’ « émotions négatives » et d’ « émotions positives » pour désigner les émotions désagréables et les émotions agréables. On a l’impression que, lorsqu’elles sont « négatives », on ne devrait pas les éprouver, parce qu’elles nous tirent vers le bas et nous empêchent d’avancer. Mais pour parvenir à accéder de façon pleine et entière à tout l’éventail des émotions humaines, il faut être capable d’accepter et d’accueillir les ressentis déplaisants au même titre que la joie.

D’ailleurs, les émotions négatives sont utiles à notre vie et à notre santé mentale. Qu’il s’agisse de la colère face à une injustice ou de la tristesse dans une période de deuil, ces sentiments nous aident à faire les bons choix. Ils sont une boussole fiable qu’il faut savoir respecter.

Positives ou négatives, les émotions font toutes partie de notre palette de sentiments humains. Elles font partie de nous et il faut les accepter en tant que telles.

Le fonctionnement des émotions

Mais au fait, c’est quoi, au juste, une émotion ? On pense parfois qu’une émotion est uniquement dans notre tête, car elle est le résultat d’une situation que l’on est en train de vivre ou que l’on a vécu.

Pourtant, une émotion est avant tout quelque chose de physique. C’est une vibration dans notre corps, un changement reconnaissable dans sa subtile chimie. Si tu veux réussir ton exercice pour ressentir tes émotions, il te faut être réellement consciente de cet aspect physique.

Si l’on peut avoir l’impression que l’émotion est dans notre tête, c’est parce qu’elle est une réaction directe à nos pensées. Dans le modèle de Brooke Castillo, on apprend notamment la façon dont nos pensées au sujet de situations présentes ou passées affectent directement nos actes et nos résultats via la création d’émotions.

Les freins qui nous empêchent d’accueillir nos émotions

Afin de réussir l’exercice pour ressentir ses émotions, il va falloir être consciente de ce qui peut nous empêcher d’être connectées à nous-mêmes. Il existe en réalité trois techniques que nous utilisons plus ou moins consciemment pour ne pas laisser de place à nos ressentis.

Détourner

Le détournement est une technique d’évitement du ressenti négatif. Elle consiste à détourner son attention pour se sentir immédiatement mieux : fumer une cigarette, boire un coup, manger du chocolat, se plonger dans les réseaux sociaux, etc. Mais à long terme, cette stratégie de détournement aura fatalement des conséquences négatives, car elles créent de mauvaises habitudes, voire des addictions.

Réagir

Lorsque l’on réagit à son émotion immédiate, on se concentre sur ce qu’il y a à l’extérieur de nous. Si l’on est en colère, on crie, on claque les portes, bref, on s’engage dans une action qui vise à laisser la pression s’échapper. Mais souvent, lorsque l’on réagit, l’émotion négative de colère va se transformer en une autre émotion négative comme l’embarras, la culpabilité ou la honte d’avoir cassé quelque chose ou de s’être laissée emporter.

Résister

Lorsque l’on résiste à une émotion, on la fait taire, on l’enfouit à l’intérieur de soi. On la repousse comme un ballon qu’il s’agirait de maintenir sous la surface de l’eau en appuyant dessus. Cela demande de la concentration et des efforts considérables qui nous font nous sentir très mal. Mais, encore une fois, cette technique ne fonctionne pas sur le long terme. Peu à peu, on devient une véritable cocotte-minute qui risque d’exploser à tout instant !

Le propre de ces stratégies pour ne pas ressentir ses émotions est qu’elles n’ont aucun bénéfice, si ce n’est le bénéfice à court terme d’échapper à un sentiment désagréable. S’il s’agit d’éviter une colère, elle restera présente, latente, et elle reviendra régulièrement s’inviter dans notre esprit.

Un exercice pour ressentir ses émotions pleinement

Mais alors, comment réellement accueillir nos émotions ? La solution est en réalité extrêmement simple : il faut observer le changement physique qui s’opère dans notre corps et le laisser advenir. Particulièrement simple à faire, donc, mais pas forcément facile à comprendre et à mettre en application les premières fois !

L’exercice pour ressentir ses émotions consiste donc à effectuer une sorte de méditation au cours de laquelle on se laisse pleinement traverser par l’émotion. On se tend vers elle, sans lui opposer ni détournement, ni réaction, ni résistance. On respire, on se concentre, on devient observatrice de ce qu’il se passe dans notre corps. Il faut alors chercher où je ressens et qu’est-ce que je ressens comme changements.

Posez-vous toutes ces questions :

1. À quel endroit de mon corps se situe l’émotion ?

Où l’émotion se situe-t-elle dans mon corps ? Est-elle dans ma gorge ? Dans ma poitrine ? Plutôt au niveau de mon cœur ou de mes poumons ? Est-elle dans mon ventre ? Et où, ailleurs ? Est-ce que je la ressens dans mes mains ? Dans mes oreilles ?

2. Quelle est la sensation exacte de cette émotion ?

Mon émotion apparaît-elle brusquement ou monte-t-elle progressivement en intensité ? La sensation est-elle brûlante ? Glaçante ? Poignardante ? Est-elle comparable à une douleur lancinante ? Ai-je la sensation d’étouffer ?

3. Quelles choses m’évoque cette émotion ?

Quelle est la couleur de cette émotion ? Plutôt rouge ou plutôt bleue ? Quelle est sa forme ? Piquante ? Ronde comme une boule ? Quelle musique va avec cette émotion ? Un violon strident ? Une contrebasse sourde et grave ?

Il n’y a pas de liste exhaustive de questions à se poser. C’est simplement pour te donner une idée du niveau de détail qu’il faut atteindre.

Décrire l’émotion pour la ressentir

Toutes ces questions visent à décrire avec la plus grande précision possible l’émotion ressentie. Il faut se gonfler de cette sensation physique, corporelle, et s’y attarder. En cherchant à mettre le plus de mots possible dessus, c’est bel et bien prendre le temps de s’y plonger complètement, de se laisser envahir par elle.

Lorsque l’on cherche à décrire ce ressenti au plus juste, on lui laisse toute la place nécessaire pour s’exprimer. Et c’est cela qui nous permet de la ressentir pleinement, dans tous ses aspects et toute son ampleur :

L’émotion amoureuse, ce ne sont pas simplement « des papillons dans le ventre ». C’est peut-être plutôt un frisson qui court en dessous de l’estomac, qui va du bas vers le haut, qui est bref, mais qui se répète de façon irrégulière. C’est plutôt léger comme une plume, d’une couleur pastel et ça chatouille un peu. C’est aussi quelque chose de chaud qui se sert en boule dans notre gorge, qui la fait gonfler comme un ballon, qui nous donne soif et qui picote un peu. C’est du rouge et du feu dans nos joues, de l’humidité dans nos yeux et dans notre bouche. C’est une petite musique lancinante, à la flûte de Pan, qui se maintient dans l’air, comme en suspens, etc. À chacun sa version : une émotion est avant tout une expérience personnelle et la traduction unique de notre pensée.

Respecter la durée de l’émotion

Se plonger pleinement dans son émotion, c’est aussi respecter sa durée. Une émotion est toujours passagère. En fonction de son intensité, elle dure quelques secondes, quelques minutes, quelques dizaines de minutes tout au plus. Mais elle passe systématiquement.

Ce qui entretien l’émotion, se sont les pensées en boucle. Lorsque l’on ressasse des pensées, on génère continuellement la même émotion, qui ne parvient pas à nous quitter. On a l’impression qu’il s’agit d’une émotion durable, mais c’est en réalité seulement une émotion qu’on nourrit continuellement. Ou alors, si l’émotion persiste, c’est parce l’on y résiste et que l’on refuse d’y céder totalement.

En s’apercevant que l’on peut laisser la colère ou la peur nous traverser, qu’elle est passagère et qu’elle ne s’installe pas durablement, on ose davantage se laisser aller à explorer ses émotions. L’émotion négative passe en nous puis s’évacue d’elle-même. Même si ce n’est pas un moment agréable, on y survit, il s’en va de lui-même, sans qu’on ait à l’y forcer, à s’en détourner ou à y réagir.

En pratiquant régulièrement, on gagne peu à peu en confiance pour explorer progressivement celles qui sont les plus compliquées à gérer.

Un développement de son intelligence émotionnelle

Dans son livre How emotions are made, Lisa Feldman Barrett ajoute une étape à cet exercice pour ressentir ses émotions, pour avancer encore davantage et gagner en intelligence émotionnelle.

La cerise sur le gâteau est de nommer consciemment et avec le plus de précision possible l’émotion que nous avons analysée pendant notre introspection. En la nommant, nous créons un nouveau réseau dans notre cerveau qui nous permettra à l’avenir de mieux identifier ce qui est en train de nous arriver lorsque cette émotion précise nous submerge. Ce que l’on connaît, ce qui porte un nom, est forcément moins effrayant. Cette technique de nommer l’émotion permet aussi à notre cerveau de mieux y réagir en adoptant le comportement le plus approprié.

Là encore, il faut être précise. On ne parlera pas simplement de colère : Est-ce plutôt de la rage ? de l’irritation ? de l’irascibilité ? de l’exaspération ? de l’aigreur ? de la fureur ? De même, la tristesse est-elle plutôt une forme de mélancolie ? de nostalgie ? de regret ? d’abattement ? de désespoir ?

En utilisant ces mots, en les associant à une description physique précise de l’émotion, on développe le vocabulaire nécessaire au développement de notre intelligence émotionnelle. Cela nous permettra à l’avenir de ressentir nos émotions avec plus de facilité.

En résumé, pour ressentir nos émotions, il faut :

  • Accepter aussi bien les émotions négatives que les émotions positives
  • Comprendre qu’il s’agit d’un changement physique perceptible
  • Avoir conscience des différentes stratégies d’évitement de ses émotions
  • Accueillir chaque émotion en l’observant et en la décrivant
  • Nommer l’émotion le plus précisément possible

Cette technique nous permet d’apprendre à mieux vivre tous les ressentis que l’on trouve difficiles à gérer comme la colère, les regrets, la culpabilité, etc.

Et toi, penses-tu être capable de te lancer dans cet exercice pour ressentir ses émotions pleinement ?

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