« Je n’arrive pas à le quitter. » Une phrase que j’entends très souvent. Peut-être une phrase que toi aussi tu prononces avec regrets ou colère ? « Je ne suis pas heureuse mais je n’arrive pas à le quitter. » Une des caractéristiques des relations toxiques de couple, c’est la difficulté que l’on a à s’en défaire. On met déjà un certain temps à comprendre – et accepter – que la relation est malsaine. Mais ensuite, on a beau décider de rompre, on se retrouve soit impuissante à passer à l’action par peur de regretter, soit on réussit à le quitter, mais on revient. « Je n’arrive pas à le quitter. Comment partir et ne plus revenir ? Je veux rompre mais je l’aime… »
La situation est complexe. Comment avoir le courage de le quitter, comment se tenir à sa décision, pourquoi c’est si difficile… Ce sont les sujets que j’aborde dans cet article. Comprendre le processus qui se cache derrière notre incapacité à mener à bien notre projet est la première étape pour y parvenir. Très souvent, notre monologue intérieur nous dit : « Je l’aime, mais je dois le quitter. Je veux rompre, mais je l’aime. Je suis malheureuse mais je n’arrive pas à le quitter. » Un discours à deux voix qui ne nous aide pas à tenir nos résolutions de séparation.
Pour moi, « partir et revenir » ou « ne pas réussir à quitter quelqu’un » sont comparables à ne pas être capable de tenir ses résolutions. Ça nous touche toutes et ça s’apprend ! Échouer malgré nos bonnes intentions, ça nous arrive dans tous les domaines – et tout au long de notre vie – tant que nous n’avons pas compris pourquoi et comment il faut procéder.
Je n’arrive pas à le quitter : Pourquoi ?
Nous n’avons pas appris à gérer nos émotions négatives. Pourtant, c’est dans notre nature humaine d’éprouver autant d’émotions négatives que de positives. Sans ce contraste, toutes les émotions seraient neutres. Ni joie, ni peine. Si nous sommes encouragées à rechercher les expériences positives, nous ne sommes pas aidées à comprendre et surpasser les négatives. Et ceci depuis notre plus tendre enfance.
Au bac à sable, nous tombons.
Et vite, on nous dit que « Ça ne fait pas mal. Ce n’est rien… »
alors que peut-être on a mal, et peut-être on est vexé…
Ou un enfant nous prend notre pelle, et on nous dit « Ce n’est pas grave… »
et on s’empresse de nous divertir en faisant autre chose,
on s’efforce de nous changer les idées.
C’est ainsi que nous avons appris à « gérer » des émotions qui sont, certes, négatives, mais tout à fait normales.
Nous avons appris à les gérer en les fuyant !
Je ne suis pas heureuse mais je n’arrive pas à rompre : Explication du processus
Dan Sullivan est un coach américain. J’emprunte le modèle “RCCC” dans lequel il explique ce mécanisme* :
La Résolution que nous faisons (l’engagement dans un projet) demande que nous fassions preuve de Courage pour affronter et surmonter les émotions négatives que nous ressentirons. Ce Courage nous permet de développer des nouvelles Capacités qui, à terme, renforcent notre Confiance en nous et nous permet d’évoluer.
Ce même processus se retrouve aussi bien quand on veut quitter une relation toxique, que quand on veut perdre du poids, arrêter de fumer, écrire un livre ou commencer un nouveau projet professionnel.
Je n’arrive pas à le quitter, ou quand je le quitte je reviens toujours, que se passe-t-il ?
*en anglais: CCCC, Commitment, Courage, Capacities, Confidence
1.La Résolution
En premier lieu, je suis mal et malheureuse, dans une relation violente ou abusive. Mes émotions de départ sont très négatives, je souffre. Je vais tellement mal que je prends la décision de quitter mon compagnon. Quand je prends ma décision de le quitter, ou quand je me suis enfin séparée, je passe par une phase d’espoir, de motivation, d’enthousiasme, voire d’euphorie.
Je me dis « Victoire ! », je n’en reviens pas moi-même d’avoir passé le cap et j’ai hâte de me débarrasser de tout le négatif qu’il y avait dans ma vie.
2. Le Courage
Mais la réalité reprend sa place et je m’aperçois que tout n’est pas aussi facile ou positif que ce que je pensais. Je suis assaillie d’émotions négatives :
- le doute : « Est ce que j’ai pris la bonne décision, il me manque, j’ai peur de regretter… »
- la confusion : « Il y a tant de choses à faire que je n’avais pas anticipées, comment faire ? »
- l’accablement : « Je coule, il y a trop de choses à faire, et trop d’émotions insupportables. »
- la honte : « Comment ai-je pu croire un seul instant que j’étais capable de me débrouiller sans lui ? »
- la peur : « Je n’y arriverai jamais, je suis incapable. »
- l’angoisse : « Et si je restais seule pour le reste de ma vie ? ».. etc.
Cette avalanche d’émotions négatives est tout à fait normale… mais nous ne le savons pas. Notre cerveau les interprète en nous disant que:
« C’était une très mauvaise idée, c’est trop dangereux, retourne dans ta grotte. »
Parce que notre cerveau primitif privilégie la sécurité au confort, il nous donne le message que « OK, ce n’était pas super avant, tu n’étais pas heureuse et tu souffrais, mais au moins, nous savions déjà gérer ces émotions et ces situations ». Pour lui, ce qu’il connaît déjà est plus facile à gérer. Comprendre que toutes ces émotions négatives font partie du processus de développement et sont tout à fait normales est important. Ce ne sont que des émotions, c’est à dire des vibrations dans notre corps.
En faisant preuve de Courage, nous pouvons nous atteler à une chose à la fois (et Une Chose Par Jour, c’est encore mieux !)
3. Les Capacités
Lorsque nous prenons la décision consciente d’assumer nos émotions négatives et que nous les acceptons comme faisant partie intégrale du mécanisme de développement, nous faisons preuve de Courage.
“Je n’arrive pas à le quitter” devient une tâche qui est partagée en microdéfis, à relever chaque jour. Les émotions associées ne sont pas toujours agréables, pas plus que ne l’étaient celles dans la relation toxique. Mais à chaque étape, nous développons de nouvelles Capacités.
4. La Confiance en soi
C’est en acquérant toutes ces nouvelles Capacités que nous (re) construisons notre Confiance en nous.
Aucune action n’est trop minime :
- appeler une association pour la première fois,
- aller visiter un appartement,
- reprendre contact avec une ancienne copine,
- aller au cinéma seule pour la première fois depuis des années, ou depuis toujours.
Chaque action entreprise, chaque émotion négative surmontée nous remplit d’une confiance nouvelle.
Quitter quelqu’un : Un exercice pour la confiance en soi
Contrairement à ce que nous pensons souvent, les personnes qui réussissent dans leurs diverses entreprises ne sont pas des gens qui ont plus confiance en eux que les autres. Ce n’est pas en ayant confiance en soi qu’on réussit à se libérer, c’est parce qu’on se libère qu’on acquiert la confiance en soi.
Ceux qui réussissent sont simplement des personnes qui ont compris que ces émotions négatives font partie du processus normal d’évolution. En pratiquant et en se forçant à avoir recours au courage pour passer des caps, on intègre le mécanisme. Cela ne fait pas disparaître les émotions négatives, mais ça donne la confiance que la réussite est au bout et que le jeu en vaut la peine.
Pour ma part, je trouve mon courage en me raccrochant à mon but.
Dans ma démarche, quand je rencontre des difficultés, c’est en me remémorant « pourquoi » je me suis fixé un objectif que je trouve le courage de surpasser les émotions négatives et de montrer à mon cerveau la nouvelle direction. Il est bon de te rappeler que tu as toujours des options. Pour ma part, je me sert de la visualisation quand je me sens bloquée. Et surtout, j’essaie de toujours me raccrocher au positif de toute situation.
Je ne regrette jamais d’avoir fait preuve de courage. 🙂
Et toi, te trouves-tu dans un loop de “départs et retours” dont tu ne parviens pas à sortir ? Quelles sont les difficultés que tu rencontres ? Comment tes émotions négatives contrôlent-elles tes décisions ?