Sentiment de Vide | Gérer les suites d’une Relation Toxique

Pourquoi un tel sentiment de vide après avoir mis fin à une relation toxique ? Alors que nous avons enfin quitté un conjoint toxique, pourquoi notre existence nous semble soudain totalement vaine et pleine d’ennui ? Le sentiment de vide intérieur survient après avoir pris des décisions longues et difficiles. Nous avons surmonté de nombreux obstacles pour retrouver notre liberté. Mais de manière inattendue, au lieu de la joie et de l’enthousiasme, nous n’avons plus envie de rien. Ce vide après rupture nous laisse dans l’apathie, avec des questionnements incessants, voire dans la dépression.

D’où vient ce vide et comment y remédier ?

Le sentiment de vide après avoir quitté une relation toxique

Se retrouver face à toi-même après avoir quitté une personne toxique est un véritable choc qui entraîne souvent un grand sentiment de vide intérieur.

Les prises de conscience menant à la séparation

En général, avant la séparation, la succession des événements ressemble à ce qui suit :

  • Constat que tu n’es pas ou plus heureuse dans la relation.
  • Réalisation que malgré tes efforts de communication et de conciliation avec ton conjoint, rien ne change pour le mieux (au contraire).
  • Recherche d’informations et prise de conscience des comportements malsains (mensonges, manipulations, infidélités, violence psychologique, verbale, physique, etc.).
  • Doutes, remises en question, hésitations, négociation, espoirs déçus (phase qui peut durer de quelques semaines à quelques décades)
  • Naissance de la possibilité (l’espoir) que ta vie soit meilleure sans cette personne et qui crée l’impulsion de départ, parfois avec de nombreux allers-retours, puis la séparation.

Le moteur de la rupture dans une relation toxique

C’est l’espoir qui te pousse à surmonter tous ces obstacles :

  • Les épreuves émotionnelles : regret, colère, désespoir, sensation de manque…
  • Les barrages mentaux (Comme « Je ne m’en sortirai jamais sans lui »)
  • Les complications matérielles : divorce, partage des biens, garde d’enfant, chute du niveau de vie, etc.

Ce sont tes rêves qui t’ont fait avancer. Et tant mieux, il faut avoir des rêves pour construire une vie différente.

Dans ces envies ou ces rêves, tu as imaginé que tu serais libre :

  • Tu pourrais enfin faire les choses à ta façon, sans être critiquée
  • Tu pourrais avoir du temps à toi
  • Tu serais en sécurité
  • Tu te reconnecterais avec tes amis
  • Tu reprendrais tes projets professionnels ou en créerais de nouveau
  • L’ex « sortirait » de ta vie

Mais dans la réalité, ce que tu rencontres, c’est ce fameux sentiment de vide et l’apathie.

L’impression de vide après rupture

En théorie, tu aimerais ne pas sourciller en lisant un sms de ton ex sur la garde des enfants. Tu pourrais suivre des cours du soir pour te former dans un nouveau domaine. Tu pourrais t’habiller comme il te plaît et rencontrer qui tu veux…

MAIS, en fait, tu te sens mal, dénuée de toute volonté, incapable de prendre la moindre action qui te rapproche de tes rêves.

Tu te sens d’autant plus mal que tu n’étais pas préparée à cela. Pourtant, c’est une véritable crise d’identité que tu vis.

C’est pour cela que c’est si dur.

La crise d’identité à l’origine du vide intérieur

Que se passe-t-il dans ton cerveau lorsque que tu expérimente un sentiment de vide après une rupture difficile ?

L’analogie avec la perte de poids

Prenons cette comparaison, qui m’a été inspirée par Corinne Crabtree, coach de la Life Coach School, spécialisée dans la perte de poids importante.

Imagine que depuis ton adolescence, tu veuilles perdre du poids. Cela signifie, dans la pratique, qu’une portion considérable de ta vie est utilisée à gérer cette problématique :

  • Tu recherches et tu fais des régimes,
  • Tu perds du poids, tu en reprends,
  • Tu lis sur le sujet,
  • Tu passes du temps sur des groupes,
  • Tu vas à la salle de sport,
  • Tu te regardes dans le miroir sous toutes les coutures, etc.


TOUTE TA VIE TOURNE AUTOUR DE TA PERTE DE POIDS.

Et puis un jour, tu fais de véritables changements dans la gestion de ton mental et de tes émotions, tu perds ton surpoids et tu te stabilises à ton poids idéal.

Que se passe-t-il ? Une partie de ton identité était intimement liée à ton « problème de poids ». Qui es-tu sans ce problème ? Aucune idée… C’est de là que naît ce sentiment de vide.

Tu dois apprendre à être la personne qui vit à son poids idéal et réorienter ton énergie créative vers d’autres objectifs.

Sans travailler sur ces questions de fond, c’est la reprise de poids assurée.

C’est l’une des raisons pour lesquelles les solutions qui n’abordent que la partie physique ou nutritive, y compris les opérations by-pass, ont un taux d’échec aussi haut : on apprend aux gens à perdre le poids, mais pas à bien vivre avec leur nouvelle identité.

Le sentiment de vide intérieur après une relation abusive

Le mécanisme dans ton cerveau est identique quand tu quittes une relation abusive : Pendant des années, tu as ajusté ta manière de penser à la personne que tu avais en face de toi.

  • Tu as surveillé les humeurs, interprété les gestes
  • Tu t’es préparée, défendue, excusée
  • Tu as douté, tu t’es remise en question
  • Tu as mis les désirs des autres avant les tiens
  • Tu as mis les besoins de ton compagnon, de tes enfants, de ton patron, de tes collègues, de ta famille, avant les tiens
  • Tu as oublié tes rêves et abandonné tes projets personnels
  • Tu as espéré et été déçue

Tous ces comportements et ces émotions sont des connexions neuronales, que tu as fermement ancrées (même si c’est involontairement) dans ton cerveau.

Quand tu enlèves soudain l’objet de ces comportements, les mécanismes restent et tournent… à vide. Qu’il est logique, alors, ce sentiment de vide !

Qui es-tu sans cette relation toxique ?

Je n’ai plus envie de rien : Une émotion qui peut être modifiée

Pourtant, loin d’être un constat objectif, le sentiment de vide est en réalité une émotion.

Le sentiment de vide intérieur se manifeste par une sensation de vacuité et d’apathie, une absence d’envie… « Je n’ai plus envie de rien. »

Tout cela, ce sont des émotions.

Plutôt désagréables, mais ressentir ses émotions est une compétence qui s’apprend.

Le vide, comme toutes les émotions, est le reflet de nos pensées, et se traduit dans nos actions (voir mon article sur le Modèle de Brooke Castillo).

Dans la période post-relation toxique, c’est plus fréquemment par l’inaction que ce vide se manifeste : la paralysie, l’indécision, l’incapacité à décider, à agir et à interagir avec les autres.

Des comportements de détournement des émotions apparaissent aussi. Afin, justement de ne plus sentir ce vide, nous faisons quelque chose qui nous soulage, mais ne nous mène pas là où nous voulons à long terme.

Nous nous réfugions dans le sucré, ou sur le canapé avec une sucrerie, nous sortons fumer une cigarette ou débouchons une bouteille. Nous surfons sur Facebook ou regardons une énième vidéo sur les relations toxiques (ce qui ne te mène pas vers l’avenir, si ce n’est plus justement c’est passer à autre chose).

Avec pour résultat : davantage d’apathie, davantage de vide.

Comment surmonter le sentiment de vacuité ?

La tentation de « remplir » ce vide et de chercher la solution à l’extérieur de soi est donc très grande.

Certaines s’empressent d’y céder en se lançant rapidement dans une nouvelle relation (ou parfois en retournant vers la personne qu’elles ont quittée).

Pourtant, le sentiment de vide est normal : Il faut bien qu’il y ait de la place pour créer le nouveau toi.

Tu ne peux pas planter un nouveau jardin sans commencer par désherber.

1.      Acceptation du vide

La première étape, c’est donc d’accepter que le vide est une phase normale et indispensable de ta reconstruction.

Tu n’as pas besoin de te juger, de te dire que tu devrais être autrement, que tu devrais « déjà » te sentir mieux.

Inutile de te précipiter pour planter des graines dans un terrain en friche.

2.      L’observation de tes comportements

La deuxième étape, c’est d’observer comment les comportements appris interviennent dans ta vie actuelle et t’empêchent de construire la vie que tu veux.

Tu regardes dans le jardin, quelles herbes sont les bonnes, celles que tu veux garder, et quelles sont celles qui polluent ton espace.

3.      La définition de tes objectifs

La troisième étape est de définir comment tu te comporterais si tu arrivais, justement, à dépasser ce mode de fonctionnement en autopilote, qui fait reproduire toujours les mêmes schémas.

Concrètement, qu’aimerais-tu ressentir ou faire quand tu reçois un texto ? Quand les plans de garde des enfants changent ? Quand ton patron favorise ta collègue ?

Tu imagines les plans des massifs de ton futur jardin.

4.      Les comportements de bienveillance avec soi-même

Ensuite, quatrième étape, tu apprends à mettre en place ces comportements en bienveillance par rapport à toi.

Faire ce travail te permet de redéfinir tout ton environnement mental (et donc émotionnel) et d’identifier des pensées nouvelles qui te portent vers ton objectif. Pas des affirmations fourre-tout, mais des pensées uniques qui te parlent à toi et qui répondent aux situations concrètes de ta vie.

Tu te renseignes sur les méthodes de jardinage qui correspondent précisément à ton type de terrain et à tes plans.

5.      La répétition des nouveaux schémas

Cinquième étape : Plus tu répétes et reproduis ces nouveaux schémas, plus ton cerveau comprends que c’est la nouvelle norme. Ça devient de plus en plus facile.

C’est en jardinant qu’on devient jardinier !

Résultat : Plus tu fais des changements, plus ton cerveau remarque que ça fonctionne. Plus c’est facile de croire à de nouvelles pensées et plus c’est facile de prendre de nouvelles actions.

Le sentiment de vide te quitte car tu remplis ta vie de ce qui te plaît, à toi, et tu redéfinis ton identité. C’est un cercle vertueux.

La théorie ne suffit pas pour aller de l’avant !

Oui, mais voilà. Comprendre, ça ne veut pas dire changer réellement.

La compréhension précise n’est pas liée à l’action

Parmi toutes les personnes que j’accompagne, très nombreuses sont celles qui me disent avoir tenté de nombreuses démarches.

Les deux qui reviennent souvent sont :

  • « J’ai lu tous les livres » : Le problème, c’est que « comprendre » le principe ne permet pas de FAIRE des changements. Faire des changements crée la résistance et demande des efforts. Tant qu’on reste devant son écran ou les pages d’un livre RIEN ne change dans notre cerveau…
  • « Des années avec un psy/thérapeute, sans résultat » : Je mets un bémol, puisqu’on ne sait jamais où on en serait si on n’avait pas fait cela. Mais une chose est certaine, c’est que continuer de parler de ses « problèmes » RENFORCE les circuits existants, soit ceux qui causent les problèmes.

Le seul moyen de changer ces circuits, c’est d’en créer des nouveaux en apprenant à faire autrement. Et ça, ça s’apprend… en agissant.

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